Un voyant du septentrion : Jean
PARSY
Parti, comme Gaston Criel, tenter sa chance à Paris en 1948, avant
lépisode de latelier de la Monnaie, en 1957, Jean Parsy est un peintre dont
lhéritage septentrional a travaillé, qui demblée stimule la rêverie. Son
art de la concision est dune telle familiarité quon ne sait à quelle prise
offerte accorder la prééminence :
Peintre classique ? Certes, il lest, dont la filiation naturelle,
via Edward Hopper, Balthus, lexpressionnisme, etc, remonte jusquà Jan Vermeer
: même goût pour les scènes dintérieur, mais les intérieurs ne sont
plus, loin sen faut, ceux de la société bourgeoise ; pour le dénuement à
la limite de la nature morte ; pour la sobriété des cou-leurs ; pour la place occupée
par la lumière, doù lintérêt accordé aux portes et aux fenêtres, et
partant pour la cosmologie que ce dénuement ouvre, que cette lumière révèle,
littéralement espace du dedans.
Peintre moderne, cest-à-dire apportant une vision nouvelle qui
réponde à un besoin engendré par lart ? Là encore, Jean Parsy est effectivement
un tel peintre, qui ne séloigne de la vraisemblance figurative que pour mieux
revenir à la question du cadrage, par exemple ; qui décale le plan, dans le cas
des dessins, notamment, quil coupe , et ce faisant laisse en suspens
lexistence dun hors-plan, dun dehors, ce qui ne se trouve pas dans la
peinture traditionnelle où lespace pictural se moule dans un format ; qui fait de
lespace un vide et de ce vide, de cette déflation de signes, une instance, comme
dans Le Château. Moyennant quoi, il se trouve des choses apparemment plus anecdotiques :
un homme qui suit une femme, séparé delle lespace dun mur blanc : rue
J.-P. Sartre ! On ne saurait trouver à la conjonction du concept et du percept
place plus éloquente.
Cest dire si, par ailleurs, ces questions qui ont trait à ce que
signifie représenter, et leurs protocoles de routine : est-ce classique, moderne,
figuratif, abstrait, voire figuratif abstrait, existentialiste, etc ? bien des mots
dira-t-on , loin dêtre éludées trouvent ici, à luvre et dans
luvre, une tension plastique tout à fait originale.
Du même :
Galerie Eddy Watermann, boulevard Haussman,
Paris, 1948 et 1949
Galerie Morihien, en 1948 et 1949
Galerie H. Dupont, boulevard de la Liberté, Lille, 1955
Galerie Jeanne Castel, 6 rue du Cirque, Paris, de 1960 à 1968
Galerie Storme, Lille, octobre 1970
Galerie Kappa (Karole et Patrick Masurel), rue de la Clef, Lille, mars 1976
Galerie Mischkind, Lille, 1973 et 1998
Galerie Geneviève Godar, 10 rue Bartholomé Masurel, Lille, depuis 1983
expositions collectives :
Les uns et les autres, 1979
De Matisse à nos jours, Lille, 1982

Jean Parsy est né le 18 février 1930 au 67 rue Jeanne d'Arc à Lille.
Alors qu'il est électricien chez Citroën, Jean Cocteau le présente à Louise de
Vilmorin et à son frère André avec qui il devient ami. Il reçoit le prix Fénéon, en
1964, grâce aux peintres Fautrier et Chastel. En 1980, il quitte Lille pour Arcueil.
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