Un visionnaire du Septentrion :

 

Philippe LEMAIRE

 

Si le collage, à l’instar du rêve familier, étrange et pénétrant, de Verlaine, n’est chaque fois ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, c’est que, par fragmentation et synthèses plus subjectives qu’objectives, - il s’agit de représenter, - mais plus objectivement thématiques qu’hasardeuses, il a tout à voir avec lui. La photo dépouilla l’œuvre d’art de son aura, le collage, et plus précisément le photomontage, d’un cutter homicide, dépèce le triomphe de la photo. C’est ainsi que le photomontage, qui chez Philippe Lemaire a gardé la plupart des grands axes de la figuration, va, à côté de l’art postal, de l’art brut et autres expressions politiquement mineures, son petit bonhomme de chemin. Mais découper n’est pas seulement découper une image, c’est plus encore fixer l’image dans un contour exclusif de l’espace que la photo s’était fait fort de naturaliser plus fidèlement que la peinture. C’est une greffe, après quoi le photomontage est susceptible d’autant de variations que la peinture elle-même.

Philippe Lemaire, dont l’art, loin de s’arrêter au photomontage va, via une activité d’écrivain bien campée, de la direction de revue (Staccato), à la chronique régulière (L’Igloo dans la dune !), découpe des éléments d ‘images, généralement riches en contrastes, et les remet en scène aux fins insolites de compositions d’étonnante, et non moins détonante, facture. Le résultat, ce sont des tableautins, souvent érotiques, où l’arrêt de tout mouvement délivre ce qui n’était pas visible et qui le devient par collision/collusion, produisant cet effet d’explosante fixe caractéristique de toute vision. Aujourd’hui que le monde des plasticiens a succédé à celui des peintres, plus au nom d’une molle évolution que du procès du fétichisme de sa valeur – marchande, - on a oublié combien la peinture consistait à mettre en jeu, à travers le faisceau de ses conventions, des visions. Philippe Lemaire, lui, ne l’a pas oublié, il ouvre grand le tiroir bleu ciel des ressources de la création pour pratiquer, en peintre, le collage.

 

Du même :

1988 – « Les Années déclic », à Lille.
1988 – à l’auberge du moulin Snyck, à Blendecques.
1992 – à la Boucherie moderne, à Lille.
1992 – à la FNAC de Lille.
1998 – à la ferme Dupire, à Villeneuve d’Ascq, en compagnie du Théâtre en l’R.
1998 – « Eros anadyomène », à Lille.
1998 – au Fort Art Gallery de Tournai, en compagnie des Vilains Bonshommes
1999 – au 6ème salon du collage contemporain, à Paris
1999 – à la Petite Renarde Rusée, à Lompret
1999 – à la ferme Dupire, à Villeneuve d’Ascq, en compagnie de Guy Ferdinande
2000 – chez l’Ane qui butîne, à Lille.

 

 

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