Pierre LEBRUN

À première vue, les œuvres de Pierre Lebrun ne semblent pas détentrices de secret particulier, et pourtant quelque chose d'elles, comme par enchantement, se trouve mis en perspective dans et du fait de leur apparente simplicité. Sous cette apparente, et profonde donc, simplicité, et par quelque facétieuse et sciente absence de préjugés, en ressort, au fait d'une diversité combinée de formes (forme picturale, — figurative ou abstraite —, forme sculpturale), de matériaux (polyester, bois, émail, aluminium, etc) et de couleurs, une sorte de déséquilibre stable comme une poétique. C'est là que légèreté, fragilité, précarité, résultant de cette multiplicité de sources, ouvrent un au-delà du miroir où toute loi, comme un gant, se retourne. Loi de ces fidèles gardiens de l'histoire de la représentation que sont les cadres, et au débordement de la circonscription desquels Pierre Lebrun se fait explorateur. Loi de la pesanteur remise au fil de ses mobiles : le voilà équilibriste. Loi généalogique, enfin, où le géographe, le funambule mais aussi Fra Angelico, Fragonard, Poussin, Tintoret, Titien se voient conviés.

L'étrange familiarité de l'œuvre de Pierre Lebrun tient à ceci que, si elle ne récuse pas toute référence aux lignes verticale (mettons le visage) ou horizontale (le paysage) entre lesquelles s'ordonne la représentation plane, elle tire avec bonheur d'autres lignes, celles de la troisième dimension (espaces aquatique, aérien) certes, mais encore celles subséquentes de la vélocité, de l'humour, du conte. Quand l'art revient à un tel point à l'enfance qui seul le commandite alors on peut parler d'équilibre. Car enfin, équilibre instable ou déséquilibre stable, c'est toujours, au point vélique où les vues que sont les lignes se croisent, d'équilibre, ou de « cohérence », pour reprendre le terme de Pierre Lebrun, dont ça parle. Cet équilibre — cette cohérence — n'est affaire d'unité que dans la mesure ou le mot unité est inclus dans le mot unicité. De poissons-chats en chats-huants, celle de Pierre Lebrun qui, me rappelle l'inventaire de ses expositions, a participé à quatre manifestions de la Maison du Grand Nord, danse sur l'arc de lumière.

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