Jean-Noël Potte
À la fois peintre
et écrivain, Jean-Noël Potte est un artiste que nous connaissons bien
à La Petite Renarde Rusée. Chez lui, les problèmes théoriques
implicitement posés, ou explicitement présupposés, mettons ceux de la
validité de l’intention représentative, ou ceux de la responsabilité,
de l’artiste ou de l’écrivain, sont les mêmes. Ces champs qui ne
sont plus assignés à l’art et à la littérature comme ils pouvaient
l’être dans les années Balthus, Bellmer, Bataille, etc, pourraient
avec le cinéaste Russ Meyer être ainsi problématisés : « Deep
Throat n’est qu’un film sur la pipe, bénéficiant d’un grand
lancement publicitaire, avec une fille qui manque totalement de finesse
; elle ressemble à un piston à moteur. Pour moi, le sexe doit être
montré avec un grain de sel et pas avec un sérieux terrible, c’est
tout. Je ne vois pas d’humour dans un type en train de se faire sucer
: je pense qu’il y a d’autres façons de faire. (...) Le spectacle
de Brando, acteur récompensé d’un Oscar, mettant du beurre dans le
cul d’une nana, lui grimpant dessus, chacun pouvant voir le cul de
Brando gigoter tandis qu’il est sur elle, c’est difficile d’entrer
en compétition avec ça ! La vraie question qui demeure est :
qu’est-ce qu’il reste à montrer ? ».
Ce qu’il reste à montrer ? Certainement
pas ce spectacle de l’entropie qu’ont fait leur les expressions
plastiques et visuelles contemporaines au point que le simulé se réfère
moins au vrai, désormais, que le vrai n’est devenu l’ombre de sa
simulation promotrice. Mais pour qui veut voir, ce qu’il reste à
montrer, ou à raconter, et le moins que l’on puisse dire est que
l’art si singulier de Jean-Noël Potte, s’il s’y pique, de toute
évidence s’y frotte allègrement (quand même, la question n’est
pas si neuve !) : non point la chose en tant que telle, encore que toute
chose ne soit pas exclue, mais bien plutôt la façon de se
l’approprier, de la monter, de la mettre en scène et partant de révéler
ce dont notre réel est fait : il est fait d’images, de peintures, présentement
dans la plus pure tradition des pin-ups, elles-mêmes construites non
point comme du vrai imité mais comme des photomontages — que l’on
songe à Clovis Trouille — d’images inventées, de scénarios, de
fictions, d’illusions, d’allusions, de transfigurations, de
transpositions, bref de fantasmes : tout ce qu’il faut pour faire un
monde, comme on dit. L’art de la pin-up à l’époque du mail art,
tel est ce à quoi nous convie avec brio et facétie Jean-Noël Potte.
Du même :
— Publication de
textes courts, en vers et en prose, dans Minuit (Mathieu Lindon),
Mensuel 25 (Robert Varlez) et Le Dépli amoureux (Guy
Ferdinande), de 1975 à 1989.
— Illustration d’une cinquantaine de cartes postales et de plusieurs
couvertures de L’Annonce-Bouquins, de 1980 à 1990.
— Collages à partir de 1980.
— Un dessin et une gouache pour l’exposition Éros musagète, Lompret,
1986.
— Mail art, dont vingt-cinq contributions à Mani-Art, Galerie
Postale (Pascal Lenoir) ; participation à de nombreux projets dont
ceux de Guy Bleus, K. Frank Jensen, Keeichi Nakamura ; projets
personnels : Stocking Exchange, Undress your school mistress,
Snowbody, The Other woman et Mail Echo (en cours), à
partir de 1989.
— Une gouache et une collagraphie pour l’exposition Les Artistes
du Grand Nord avec les Sans-Papiers du Grand Nord (Guy Ferdinande),
Lille, 1997.
— Un texte pour l’exposition Apparence Transparence de
Jacques Lannoy (M. A. C. de Sallaumines), publié dans la plaquette Il
y a une rame. Un dessin pour l’exposition Éros anadyomène
(Guy Ferdinande) à Lille. Exposition de cartes postales à La
Maison du poète (Robert Varlez) à Liège. À la recherche du
veau d’or (Alchimie chinoise) et Elles sont entrées par la
fenêtre (Images volées) in Moue de
veau nº 1100, 1101, 1102 et 1104 (S. U. E. L.), en 1998.
— Trois illustrations pour une nouvelle édition de Ch’Bistèq, d’I.
Ch’Vavar, en 1999.
Jean-Noël
Potte, né en 1947, vit et enseigne à Calais. Autodidacte, il participe
aujourd’hui à l’atelier de gravure du Musée de l’Estampe et du
Dessin de Gravelines et à l’A.R.C. de l’École d’Art
de Calais
|